- LAURAGAIS
- LAURAGAISLAURAGAISLes historiens et géographes écrivent de plus en plus «Lauragais» plutôt que «Lauraguais», estimant que c’est la meilleure forme française; l’u est inutile à la prononciation et, si la langue d’oc écrit «Lauraguès», le vieux français écrivait «Lauragois».Le Lauragais doit son nom à la maison de Laurac, qui apparaît pour la première fois en 1026 et qui, outre Laurac, possédait Villelongue, Pesciora, Castelnaudary, Avignonet, Montferrand, Caignac et Molandier, toutes localités situées entre Toulouse et la Montagne Noire, dans le haut Languedoc. Ravagés par la croisade contre les albigeois, les biens de la maison de Laurac furent confisqués par le dernier comte de Toulouse, Raymond VII. À la mort de ce dernier, son gendre Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX, administra le pays au nom de sa femme Jeanne de Toulouse. Lorsque celle-ci mourut, en 1270, le Lauragais entra dans le domaine royal, en même temps que le comté de Toulouse dont il faisait partie. Il forme alors une judicature royale relevant de la sénéchaussée de Toulouse.Au XVe siècle, le roi Louis XI, désirant se rendre possesseur du comté de Boulogne, nécessaire à la défense du royaume, donna le Lauragais, par lettres patentes de janvier 1477, à Bertrand de La Tour, comte d’Auvergne et de Boulogne, en échange de cette dernière possession. Le Lauragais fut alors érigé en comté. Un demi-siècle plus tard, Catherine de Médicis, fille de Laurent, duc d’Urbin, et de Madeleine de La Tour d’Auvergne, apporta le comté, avec d’autres terres, au futur roi Henri II par son contrat de mariage du 27 octobre 1533. En 1553, le Lauragais fut érigé en sénéchaussée royale et siège présidial particulier, ressortissant au parlement de Toulouse. Malgré quelques vicissitudes ultérieures, le comté de Lauragais ne sortira plus jamais effectivement du domaine royal, et le roi de France sera, à partir du XVIe siècle, le seul comte de Lauragais. Le comté de Lauragais fut cependant l’objet d’une dernière aliénation, sous Louis XV, en faveur de Louis Antoine de Brancas, duc de Villars et pair de France, mort le 19 février 1760. Son fils Louis de Brancas fut autorisé à prendre le titre de duc de Lauragais. De son mariage avec Adélaïde Geneviève Félicité d’O, il eut un fils, Louis Léon Félicité de Brancas («le comte de Lauragais»), dont le nom est demeuré célèbre dans l’histoire anecdotique du XVIIIe siècle. Mais les Brancas ne jouissaient d’aucun droit de souveraineté ni de suzeraineté.À l’origine, la forêt couvrait le pays, et c’est l’homme qui en a fait une région vouée essentiellement aux cultures céréalières. Il convient de signaler d’abord l’importance de l’occupation celtique et gallo-romaine, puis la poussée colonisatrice au Moyen Âge, qui a entraîné le succès de l’habitat des hauteurs. Malheureusement, la croisade contre les albigeois allait ravager ce pays qui avait adhéré à l’hérésie cathare, entraînant des massacres, d’innombrables incendies de villages et de bourgs, la dévastation des campagnes, l’effondrement de la population. Dès lors, une politique de repeuplement systématique s’imposait, et elle fut poursuivie avec ténacité pendant tout le XIIIe et le début du XIVe siècle, notamment par la création des bastides, comme Villefranche-de-Lauragais.Après un nouvel effondrement de la population dû aux ravages de la guerre de Cent Ans et à la peste noire, ce fut le règne de la colonisation individuelle par très petits groupes en rapport avec la vogue croissante du contrat de métayage, entraînant le triomphe du peuplement dispersé. La fin du XVe siècle et les soixante premières années du XVIe siècle coïncident avec la période la plus brillante qu’ait connue le pays: celle de la culture riche que fut le pastel, aux longues feuilles vert-bleu, qui envahit les collines molassiques du Lauragais. Des moulins pastelliers s’édifient qui, entraînés par des mules, réduisent les feuilles en bouillie; celle-ci, mise en boules, donne les fameuses coques ou «coquagnes», source de richesse pour le commerce toulousain: elles sont expédiées dans toute l’Europe pour teindre les étoffes en bleu. Ce triomphe durera peu; la vulgarisation de l’indigo tropical, les guerres de Religion ruineront de nouveau le pays, qui ne retrouvera son équilibre qu’à la fin du XVIIe siècle, avec la culture des céréales, blé et surtout maïs, et aussi la viticulture au fur et à mesure qu’on s’avance vers le sud-est, qui jouxte la région méditerranéenne. Mais, malgré la création du canal du Midi, la construction de la voie ferrée Toulouse-Sète, l’industrie ne s’est guère développée dans ce pays, qui reste essentiellement une région agricole où les villes, comme Castelnaudary (11 700 hab. lors du recensement de 1990), Revel (7 800 hab.), Villefranche-de-Lauragais (3 300 hab.), conservent encore l’aspect de gros bourgs.
Encyclopédie Universelle. 2012.